Une scène épique où le sultan Saladin, assis sur son trône, incarne la sagesse orientale face à une blonde vêtue d’une robe arabe, symbolisant l’influence de l’Orient guidant l’Occident à travers leur regard croisé.

Je rédige ce billet pour partager avec vous un sujet qui me tient particulièrement à cœur : la Renaissance. Je souhaite aborder ce thème sous un angle un peu différent de celui habituellement présenté, en mettant en lumière comment la civilisation Orientale a largement inspiré la renaissance de l’Occident.

L’Influence de l’Orient sur l’Occident : Un Tournant Historique

L’Orient et l’Occident représentent deux mondes distincts qui ont souvent été en opposition. Pourtant, au fil des siècles, ces deux cultures se sont mutuellement influencées. La civilisation Orientale a été notamment à l’origine d’un des plus grands mouvements que l’Europe ait jamais connus, marquant ainsi un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité.

Prenons un moment pour replacer les événements :

Après le déclin inexorable de la civilisation grecque antique, qui a jeté les bases de la démocratie et permis des avancées remarquables dans des domaines tels que la philosophie ou les sciences, un nouvel acteur va alors émerger : l’Islam.

Née dans la péninsule arabique au VIIe siècle, cette nouvelle religion se réclamant de l’héritage d’Abraham, à permis aux peuples Arabes de sortir de l’obscurité et de forger une civilisation originale et prospère. L’Islam devient rapidement un leader mondial, étendant son influence jusqu’aux confins de l’Europe. Rien ne résiste aux conquérants musulmans qui prennent possession de tout le bassin méditerranéen, imposant leur loi en Espagne, en Afrique du Nord, en Sicile et même dans le sud de la France, avec la prise de Narbonne, qui est restée sous domination arabe jusqu’en 759.

L’Orient rayonne alors à son apogée avec l’âge d’or islamique, où les arts, la culture et les avancées technologiques sont façonnés par sa brillance éblouissante. Face à un Occident moribond, cet âge d’or témoigne de la puissance et de la grandeur de l’Orient, qui guide le monde vers de nouvelles réalisations et éclaire la voie vers un avenir radieux.

Les Croisades : L’Ouverture de L’Occident à la Richesse Culturelle de l’Orient

Alors en proie à une obscurité abyssale, l’Europe décide néanmoins de se lancer dans une offensive contre le monde Oriental, ciblant notamment son joyau, Al-Quds (Jérusalem).

Cette entreprise militaire, connus sous le nom de Croisade, entraîne la conquête par l’Europe d’une étendue considérable de l’empire arabo-musulman.

Ces croisades ont cependant ouvert des voies de communication et de commerce entre l’Occident et l’Orient, permettant des échanges culturels, commerciaux et intellectuels. Les croisés ont été exposés à de nouvelles cultures, idées, technologies et produits de l’Orient, tels que des épices, des textiles, des techniques architecturales et des connaissances scientifiques.

Les croisés ont eu accès à des manuscrits, des textes et des connaissances provenant du monde Arabe et Byzantin. Ils ont traduit ces documents en latin, ce qui a permis la diffusion des connaissances médicales, philosophiques, mathématiques et scientifiques arabes en Europe.

Les croisés ont été également impressionnés par l’architecture, l’art et la culture de l’Orient. Fasciné par les mosquées, les palais et les jardins de l’Orient, ceci à influencé notamment le développement de l’architecture gothique et des jardins à l’italienne.

Les croisés ont été frappés par la diversité des sociétés orientales, où les différentes confessions coexistaient généralement en paix malgré le statut de dhimmis assigné aux minorités juives et chrétiennes. Ces minorités religieuses étaient soumises à des discriminations et des restrictions régies par le statut discriminatoire de la dhimma. Malgré cela, la tolérance envers eux était souvent plus grande que celle observée en Europe. Cette expérience a parfois incité certains croisés à remettre en question les attitudes dogmatiques et exclusives répandues en Europe.

L’Orient : Moteur de la Renaissance Européenne et Source d’Innovations Scientifiques

Devant l’ampleur de la perte territoriale subie, l’Orient réagit promptement à cette invasion sous la conduite de son leader emblématique, Salahdin Al Ayoubi, plus connu en Occident sous le nom de Saladin. Saladin unifia les peuples orientaux, jusque-là divisés par des conflits internes, dans le dessein commun de repousser l’envahisseur des terres sacrées musulmanes.

La bataille de Hattin, survenue en 1187, représente un tournant décisif dans l’histoire des Croisades, marquant la victoire de l’Orient sur l’Occident et aboutissant à la défaite des armées croisées ainsi qu’à la reconquête de Jérusalem par les forces musulmanes. L’empereur d’Allemagne Guillaume II ira jusqu’à offrir la rénovation du mausolée de Saladin ainsi qu’un sarcophage de marbre honorant ainsi la mémoire de l’homme qui à vaincu à la fois l’Angleterre et la France. Pourtant, malgré ce revers militaire, les croisés ont découvert et appris énormément lors de leurs séjours en Orient.

Les échanges commerciaux et surtout les traductions de textes arabes ont introduit des concepts mathématiques, scientifiques et philosophiques qui ont stimulé l’intellect européen.

Par exemple les travaux d’Al-Khwarizmi, mathématicien et astronome persan du IXe siècle, ont été traduits en latin et ont eu une influence significative sur le développement des mathématiques en Europe. Son ouvrage « Le Livre Compendieux du Calcul par la Restauration et la Comparaison » a introduit les concepts d’algèbre en Europe.

Les travaux d’al-Biruni, un autre savant persan, ont également été traduits en latin. Ses contributions à l’astronomie, à la géographie et aux mathématiques ont été largement étudiées en Europe et ont contribué à l’avancement de ces domaines. (« Islamic Science and the Making of the European Renaissance » par George Saliba. )

Les traductions des œuvres philosophiques d’Aristote, réalisées par des savants arabes comme Ibn Rushd (Averroès), ont été introduites en Europe (« The Decisive Treatise, Determining the Nature of the Connection between Religion and Philosophy ») . Ces traductions ont ravivé l’intérêt pour la philosophie grecque classique en Europe pendant la Renaissance. La poésie et la littérature Arabe ont également été traduites en latin et ont influencé la littérature européenne. Par exemple, les traductions des « Mille et Une Nuits » ont captivé l’imagination des écrivains européens et ont inspiré des œuvres littéraires en Europe tel que « Le Cabinet des Fées » une collection de contes de fées publiée en France au XVIIe siècle.

Dans un changement radical de paradigme, l’Europe a puisé dans le génie inventif d’hommes tels qu’Al-Jazari et Abbas Ibn Firnas pour nourrir le foisonnement de la Renaissance. Al-Jazari, reconnu pour son ouvrage visionnaire, le « Livre des Dispositions Mécaniques », décrivait une multitude d’inventions ingénieuses telles que des mécanismes d’horlogerie, des machines hydrauliques, des automates et des dispositifs de levage. Ces innovations, issues de l’Orient, ont captivé les esprits des ingénieurs de la Renaissance européenne, ouvrant de nouvelles voies dans le domaine de la technologie et de l’ingénierie.

D’un autre côté, Abbas Ibn Firnas, un polymathe andalou, a apporté une contribution tout aussi remarquable à l’avancement de la science et de la technologie. Bien que plus connu pour sa tentative de vol humain en 875 à Cordoue, où il a utilisé une sorte de planeur, son exploit audacieux a été un jalon dans l’histoire de l’aviation.(« The Arab Aviator » par Michael B. Flyn, publié dans le « Journal of the United States Early Aeroplane ») Malgré l’absence de succès complet dans son vol, Ibn Firnas a suscité l’intérêt pour le vol et l’aérospatiale dans toute l’Europe.

La Renaissance européenne s’est largement nourrie de la pensée antique grecque, préservée dans les bibliothèques Arabes et redécouverte par les érudits européens. Ces textes ont contribué à raviver l’intérêt pour la philosophie platonicienne en Europe.(« The House of Wisdom: How Arabic Science Saved Ancient Knowledge and Gave Us the Renaissance » par Jim Al-Khalili). Parallèlement, les travaux de Ptolémée, tels que son ouvrage « Almageste » sur l’astronomie, ont été traduits en arabe au IXe siècle. Ces traductions, enrichies de commentaires et d’annotations des savants arabes, ont été introduites en Europe pendant la Renaissance, influençant ainsi le développement de l’astronomie et de la cosmologie européennes.(« The Medieval Latin Translation of the Arabic Version of Ptolemy’s Almagest » par Francis J. Carmody). De même, les « Éléments » d’Euclide, traité majeur de géométrie, ont été traduits en arabe au IXe siècle. Ces traductions, ont également été réintroduites en Europe pendant la Renaissance, jouant un rôle crucial dans l’épanouissement de la géométrie euclidienne en Europe (« The Arabic Version of Euclid’s Optics: Kitab Uqlidis fi’l-Manazir » par Elaheh Kheirandish, publié dans le « Journal for the History of Arabic Science »).

Ainsi, une part significative de la Renaissance et du destin futur de la civilisation occidentale a été modelée par les connaissances et les savoirs acquis et préservés par l’Orient. Que ce soit à Bagdad, à Samarcande ou encore à Cordoue, ces centres du savoir ont joué un rôle essentiel dans la conservation, l’expansion et la transmission du savoir vers l’Occident. Durant cette période, l’Orient a brillé de mille feux, permettant ainsi l’épanouissement de l’Occident.

L’Occident doit beaucoup à l’Orient, et il était de mon devoir de révéler la vérité sur ces échanges culturels complètement occultés dans les ouvrages d’histoire européens. Sans ces échanges et découvertes, l’Occident aurait-il pu émerger de l’obscurité de son Moyen Âge ?

Le Déclin de l’Orient et la Crise Identitaire de l’Occident vers une Renaissance de l’Orient

Malheureusement, cette période de renouveau s’est accompagnée du déclin de l’Orient, plongé progressivement dans des ères sombres. Bien que les croisades aient pris fin avec la victoire des musulmans, cela n’a pas suffi à préserver l’avance technologique de l’Orient sur l’Occident. Aujourd’hui, cette civilisation n’est plus que l’ombre d’elle-même. Bagdad, autrefois magnifique centre du savoir, n’est désormais plus qu’un champ de ruines.

Les Orientaux sont actuellement confrontés à des obstacles cognitifs qui les poussent à rejeter l’autocritique, les privant ainsi d’avenir. La chute de l’Empire Ottoman, jadis vainqueur du grand empire byzantin, ayant conquis sa capitale Constantinople, fut ainsi qualifiée au début du XIXe siècle « d’homme malade de l’Europe« . L’effondrement de la dernière dynastie califale à donc ainsi marqué la fin de cette grande civilisation autrefois éclatante et à ouvert la voie à l’Occident, qui a pu investir les grands centres civilisationnels arabo-musulmans.

Aujourd’hui, la civilisation occidentale est confrontée de la même manière à une crise identitaire profonde. Un déclin culturel est en cours, nourri par un manque de créativité et une absence de dessein, qui menace de la faire régresser vers des périodes plus sombres. Le racisme qui sévit aujourd’hui en Europe et particulièrement en France, semble ici résonner comme un cri de désespoir du dominant qui voit arriver la fin de son règne à grand pas.

Il est donc temps de saisir l’opportunité qui nous est offerte pour nous inspirer des connaissances occidentales et reproduire ce processus. À l’ère de l’information et du numérique, seuls des projets audacieux, engagés et pertinents pourront permettre de sortir la civilisation orientale de l’obscurantisme qui la frappe depuis plusieurs siècles.
Cela commence avant tout par la réaffirmation de son identité, la connaissance de soi et le sentiment d’honneur d’être l’héritier d’une histoire aussi riche et brillante. Plutôt que de nier notre véritable identité, il est crucial de porter fièrement les valeurs, les principes et l’héritage d’une civilisation aussi éclatante.L’identification à une autre identité nous condamne à être enfermés dans une relation de domination, où le dominant impose ses règles bridant ainsi toutes créativité.

Il est primordial de reconnaître que les problèmes émanent souvent de nous-mêmes. Au lieu de constamment blâmer les autres, il est crucial de remettre en question nos propres actions. En rejetant systématiquement la responsabilité sur autrui, nous nous condamnons à dépendre des autres pour trouver des solutions. En comprenant et en acceptant que nous pouvons être la source de nos propres problèmes, nous devenons également la clé de nos propres solutions.

Ainsi, Seule l’autocritique, la réaffirmation de notre histoire, de notre héritage, nous permettra de nous libérer de cette domination et d’engendrer la renaissance de l’Orient.

Je suis donc particulièrement fier de rédiger ces lignes et j’espère voir des projets audacieux se concrétiser, contribuant ainsi à redonner un jour à l’une des plus belles civilisations que le monde ait connues, toute sa splendeur.

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